Le Sanctuaire Pelagos

Les cétacés du Sanctuaire

 

 

  photos et textes Institut Tethys Onlus

   dessins de Massimo Demma

LES GEANTS DU SANCTUAIRE

De Maddalena Jahoda

Certains ont fait un voyage de milliers de kilomètres pour le rejoindre, d’autres restent toujours à proximité pour attendre le moment du grand banquet annuel à base de délicieuses crevettes. Chaque été, les mammifères marins les plus grands du monde, les rorquals communs, retournent dans la mer de la Ligurie et de la Corse pour s’ approvisionner. Ce ne sont pas les seuls: les cachalots aussi font de longs voyages à travers toute la Méditerranée, vers le sud pour trouver les femelles et ensuite au nord pour se retrouver entre mâles: des jeunes, pour la première fois tous seuls et des sujets plus âgés qui connaissent les lieux et savent bien où trouver des calamars.

Ce n’est pas par hasard que les humaines appellent ce lieu petit « Antarctique », où les eaux sont probablement plus riches que partout ailleurs dans la Méditerranée. Les rorquals et les cachalots savent cela depuis des générations. Les humains, par contre, seulement depuis peu de temps. Entre baleines on dit que ces humaines ne sont pas tous égaux, beaucoup d’entre eux sont gênants, ils font du bruit avec leur bateau, ils jettent du plastique en mer, ils abandonnent des filets qui tuent tout ceux qui passent par là…

D’ autres, au contraire, curieux, les observent, ils leur donnent des noms et ils sont heureux quand, après quelques années, ils en rencontrent un qu’ils avaient déjà pris en photo, où dont ils avaient enregistré la voix, ou parce qu’une femelle a eu un petit. Ils disent qu’ils veulent les connaitre pour les protéger… C’est une mer fantastique et sur ce point, baleines et humains sont d’accord. Certes, il y a plein d’embûches et le futur est incertain… Mais ces humains qui veulent que leurs enfants et leurs petits-enfants connaissent la mer et ses habitants, ont appelé cet endroit: « Le Sanctuaire des cétacés« .

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Le triangle des baleines

La Méditerranée est une mer plutôt petite si on la compare avec les océans et il peut sembler encore plus surprenant qu’elle contienne à son intérieur une aire protégée plus vaste que tout le territoire de l’Autriche. Compris entre la Ligurie et la Provence, le Sanctuaire Pelagos s’étend au sud, jusqu’au nord de la Sardaigne, à l’est, jusqu’à l’Argentario, à l’ouest, jusqu’à la péninsule de Giens en France; il a une extension de 87.500 km carrés et il a été fondé avec le but principal de protéger sa faune la plus représentative, celle des cétacés (baleines et dauphins), mais nécessairement aussi tout le reste de l’écosystème, du phytoplancton aux poissons.

En effet, comme on va le voir ci-dessous, cette aire de la mer est très particulière et elle constitue probablement la plus grande exception dans la Méditerranée, considérée en général comme une mer « pauvre ». Voyons donc ce qui rend cette aire si speciale.

Pourquoi ici? Océanographie du Sanctuaire

Le Sanctuaire n’est ni un parc marin côtier, ni un trait de mer ouverte, mais il contient des habitats différents, qui se succèdent du rivage aux fonds de plus de 2500 mètres. Ce n’est pas tout: le Sanctuaire a aussi une autre spécificité plus unique que rare: il n’est pas seulement italien, ni français, mais il est le fruit d’un accord entre les différentes nations, Italie, France et Principauté de Monaco. En réalité c’est depuis peu de décennies que les chercheurs ont compris que le bassin Corse-Ligure-Provençal, c’est-à-dire la partie nord-ouest de la Méditerranée, constitue un patrimoine naturel d’inestimable valeur, au point de mériter une protection spéciale.

En effet, dans les années quatre-vingts, l’Institut Tethys Onlus (organisation dédiée à l’étude et à la sauvegarde des cétacés) a fait une série d’enquêtes dans la Méditerranée, qui ont porté à la conclusion que dans la mer Ligure Occidentale, la fréquence d’observation des baleines et dauphins était quatre fois supérieure à celle de la mer Tyrrhénienne. Même si le Sanctuaire a été créé pour les cétacés, dans la Mer Ligure et de Corse il y a abondance et diversité d’espèces et cette abondance inhabituelle ne regarde pas seulement les cétacés, mais tout ce qu’on appelle la « chaine alimentaire »: poissons, céphalopodes, crustacés… bref une grande variété d’organismes qui peuplent cet environnement, environnement tout sauf monotone et uniforme.

Si l’on imaginait de le regarder depuis sous l’eau plutôt que depuis la superficie, il se révélerait extraordinairement varié, avec des montagnes sous marines et des canyons, des courants chauds et froids, des stratifications horizontales. Les côtes sont plutôt rocheuses, à l’exception de la Corse orientale et de la Toscane, où les côtes sont sableuses et en pente douce. Dans le Sanctuaire, la plateforme continentale, c’est-à-dire l’aire de bas-fonds juste après la côte, est plutôt ample dans la zone correspondant à ces deux dernières aires, tandis qu’ailleurs elle est de dimensions réduites et pleine de profondes crevasses submergées, un facteur très important pour la faune des cétacés, comme on le verra par la suite.

Par contre, l’aire que l’on appelle pélagique, c’est-à-dire de haute mer, dans la portion occidentale du Sanctuaire est caractérisée par une pleine abyssale d’une profondeur de 2500-2700 m; c’est seulement sur la coté oriental de la Corse que l’on trouve un fond irrégulier et moins profond (1600-1700 m). Les raisons qui rendent cette aire de la Méditerranée très différente dépendent des particularités océanographiques du bassin: parmi elles, le passage brusque des bas-fonds aux grandes profondeurs. En effet, on sait que là où le fond « précipite » les courants de remontée se forment plus facilement (courants appelés upwelling, en termes techniques), et apportent en surface les sels minéraux.

Ces derniers servent à « fertiliser » toute la chaine alimentaire et surtout il déterminent combien d’organismes peuvent vivre dans une portion de mer. Les sels minéraux sont indispensables pour le premier maillon de la chaine alimentaire, les végétaux (qui en mer sont représentés par le phytoplancton); le second maillon, le plancton animal, se nourrit de ces végétaux et ainsi de suite jusqu’aux grands prédateurs (qui indirectement dépendent des niveaux inférieurs).

Le fait que la Méditerranée soit considérée comme « pauvre » est lié au début de la chaine, parce que les sels minéraux restent bloqués sur le fond. La « nôtre » est une mer fermée, liée à l’océan par le détroit de Gibraltar, du moment que le canal de Suez, l’autre débouché, n’influence presque pas l’échange d’eau. Par l’Atlantique rentre un courant d’eau légère et peu salée qui tend à se distribuer à la surface; après quelque temps, à cause de l’action du soleil, une partie de cette eau évapore et celle qui reste devient plus lourde et descend parce que sa concentration saline augmente. Cette eau plus dense s’accumule dans les abysses jusqu’à retourner dans le détroit de Gibraltar par où elle ressort, avec le résultat que les sels minéraux sont perdus sans avoir été utilisés par les organismes.

Au contraire, dans la Mer Ligure, les nutriments remontent en surface plus que dans d’autres zones, grâce à une série de mécanismes, dont l’action du vent. De forts courants d’airs allant de la côte vers le large (comme le « Mistral », bien connu de ceux qui pratiquent la voile) déplacent l’eau en surface, laissant ainsi la place à l’eau remontant des abysses.

Enfin un autre apport de minéraux dans le bassin Corse-Ligure provient de la fleuve Rhône. Les courantes marins jouent aussi un rôle important, parmi eux, un courant cyclonique, qui glisse vers le nord, le long de la Corse et de la Toscane pour continuer vers l’ouest en passant le long des côtes de la Ligurie et de la France. De cette façon, se créé une ligne de séparation entre eaux côtières et pélagiques, mais plus important encore, le long de cette ligne les déplacements des masses d’eau génèrent une intense activité biologique. En d’autre mots, on peut dire qu’il y a à manger pout tous, dès organismes microscopiques du plancton des algues aux baleines géantes.

Une proposition sans précédents

L’idée du « Parc dans la mer » avait été avancée pour la première fois en 1991 par Giuseppe Notarbartolo di Sciara, président de l’Institut Tethys Onlus, auprès de l’Association « Fondation Européenne Rotary pour l’Environnement », avec le soutien du Conseil de l’Europe. Le « Projet Pelagos », qui voyait engagés aussi Europe Conservation et différents chercheurs italiens et non, avait une note presque utopique, au point qu’il y avait beaucoup des consensus mais aussi des doutes: une telle opération, la création d’un parc supranational présentait des difficultés légales et juridiques.

En fait, le parcours a été long et hérissé d’obstacles; mais avec l’aide de différentes organisations non gouvernementales, dont Tethys, Greenpeace et la française RIMMO, en 1993 a lieu la première action officielle: France, Italie et Monaco signent une déclaration d’intentions à Bruxelles pour la création d’un Sanctuaire international pour la sauvegarde des mammifères méditerranéens, inspirée au « Projet Pelagos ».

Mais c’est seulement en 1999 qu’est signé à Rome, l’Accord entre France, Italie et Monaco par chaque gouvernement. Après la ratification de Monaco et de la France, arrive enfin celle de l’Italie en 2002: le 21 février, le Sanctuaire voit officiellement son début. Le 7 décembre 2005, une conférence extraordinaire des parties de l’accord sur le Sanctuaire établit le Secrétariat exécutif à Gêne, dans le Palais Ducal. A cette occasion l’Italie propose d’inclure le Sanctuaire dans la Liste des Patrimoines de l’Humanité de l’UNESCO.

Aujourd’hui le Sanctuaire est inscrit dans la liste des ASPIM de la Convention de Barcelone (Aires d’Importance Méditerranéennes spécialement protégées – en Anglais connues comme SPAMI), et donc les normes de l’Accord s’appliquent à la majorité des pays méditerranéens. Mais qu’est-ce que cela signifie pratiquement? Un texte de 22 articles établi que les parties adoptent les actions nécessaires pour assurer un état favorable à la sauvegarde des mammifères marins et de leur habitat en le protégeant des effets directs où indirects des activités humaines. De ce fait la capture des mammifères marins est interdite comme leur dérangement volontaire, les filets pélagiques dérivants sont interdits, en ligne avec les directives de la Communauté Européenne. En plus les activités de whale watching à but touristiques doivent être règlementées, comme les compétitions d’off-shore, qui pourront aussi être interdites.

Mais il y a une autre importante activité que le Sanctuaire a fait dès sa création: la sensibilisation du public. Il y a quelque année, les italiens ne croyaient pas que dans leur mer pouvaient vivre baleines et dauphins; quand l’un de ces animaux s’échouait, on pensait qu’il s’était « égaré »; et tout cela sans penser qu’au temps des Romains la riviera ouest était appelée Costa Balenae – probablement une information perdue avec le temps. Au cours de ces dernières années, grâce à la divulgation des chercheurs, des organisations pour l’environnement, des écoles et notamment, à la possibilité d’observer les animaux en faisant une simple excursion en bateau, les choses ont changé et l’on assiste maintenant à une prise de conscience du public.

Mais si les intentions de ceux qui ont constitué le Sanctuaire étaient bonnes, certains les ont définies comme peu efficaces en raison du manque de lois spécifiques, suscitant polémiques et accusations. Quelles sont donc les menaces qui pèsent sur le Sanctuaire?

Des rapports difficiles

L’ironie du sort a fait que la zone de la Méditerranée probablement la plus importante pour les cétacés est aussi la plus exploitée par l’homme. La plupart des aires côtières qui s’y trouvent, surtout les aires continentales, sont en effet densément peuplées et disséminées de villes avec des ports, souvent importants pour le commerce et présentent de nombreuses aires industrielles. En plus, d’ importantes destinations touristiques donnent sur les eaux du Sanctuaire, elles provoquent une augmentation ultérieure de la pression anthropique dans les mois d’été. Malheureusement toutes ces activités représentent des risques potentiels pour les cétacés du Sanctuaire.

Voyons en premier lieu quelles sont les menaces pour les cétacés dans la Méditerranée et dans le monde. Malheureusement elles ne sont pas négligeables. La dégradation de l’habitat est l’une des plus insidieuses et c’est un « monstre » aux multiples faces: en proximité des centres urbains et à l’embouchure des fleuves, on trouve le rejet en mer de substances polluantes tant sous forme de déchets visibles, que sous forme de substances chimiques. Parmi elles, il y a les DDT (une catégorie d’anciens insecticides, aujourd’hui interdits , mais malgré tout encore présents dans l’environnement, et ayant la fâcheuse la tendance à s’accumuler dans le gras des animaux, des baleines aux hommes), les PCB utilisés dans l’industrie pendant longtemps et ayant une action similaire aux « retardateurs de flamme » utilisés dans presque tous les produits industriels, ils s’infiltrent dans tous les organismes et ils sont encore plus toxiques.

A cela s’ajoute un autre type de pollution, la pollution sonore. Les mammifères marins communiquent et s’orientent avec l’ouïe, leur sens principal. Malheureusement le trafic marin qui augmente d’année en année (ferries, cargos, navires militaires, pétroliers, bateaux de pêche et de sport) et qui est particulièrement élevé en été, cause un bruit de fond qui interfère avec la vie cétacés, d’autant plus en considérant le fait que sous l’eau les sons voyagent plus rapidement. Dans certains cas, on a eu la démonstration dramatique des effets que les sons peuvent avoir: certaines espèces comme les baleines de Cuvier peuvent être tuées en masse par les puissants sonars militaires, comme cela s’est passé, par exemple, en Grèce il y a quelque années.

En plus, certaines activités de recherche en mer peuvent constituer une gêne invalidante pour les mammifères, comme les opérations d’exploration des fonds, la recherche du gaz et des dérivés pétroliers et les constructions offshore en général. Un autre risque pour les mammifères marins est celui des collisions avec les bateaux, risque accru ces derniers années avec l’augmentation des navires rapides.

La pêche aussi cause des problèmes: celle industrielle, pratiquée toujours plus intensément, est en train de décimer les plus grands stocks de poissons dans le monde et la Méditerranée ne constitue pas une exception, au point que dans certains endroits les dauphins ne trouvent plus de quoi manger. Pour l’instant cela ne semble pas être le cas du Sanctuaire, mais c’est un péril constant, d’autant plus insidieux que, souvent, les chercheurs ne peuvent s’en rendre compte que lorsqu’il est trop tard. Les équipements de pêche représentent un danger eux aussi, surtout les filets; les tristement célèbres « dérivants pélagiques », de plusieurs kilomètres de long, ils ont fait beaucoup de victimes dans les années passées; aujourd’hui, heureusement, ils sont interdits par la Communauté Européenne, mais il reste quand même le problème des filets fantômes abandonnés en mer et de la pêche illégale, dont la Méditerranée n’est jamais à l’abri.

Enfin, un autre risque concerne encore plus le Sanctuaire que d’autres aires, au moins géographiquement: avec le réchauffement global les animaux marins se déplacent vers les pôles pour chercher des températures plus fraiches, mais, si cela fonctionne bien dans les océans, cela est impossible dans la Méditerranée, fermée au nord par les côtes du Sanctuaire. Malheureusement cela fait penser que nos espèces seront les premières à souffrir du changement climatique global.

Les huit magnifiques du Sanctuaire

La liste des espèces qui vivent dans le Sanctuaire est longue et elle va du plancton végétal aux céphalopodes, des grands poissons pélagiques aux crevettes minuscules qui constituent ce qui est appelé le « krill de la Méditerranée ». L’ explosion saisonnière de la population de ce dernier est un phénomène naturel caractéristique et important, c’est à lui que l’on doit la présence des rorquals communs dans cette aire, car ils s’en nourrissent presque exclusivement. En ce qui concerne les cétacés, le bassin Corse-Ligure-Provençale accueil toutes les espèces régulières de la Méditerranée, huit au total: les rorquals communs, les cachalots, les globicéphales, les baleines de Cuvier, les dauphins de Risso, les grands dauphins (tursiops), les dauphins bleus et blancs et les rares dauphins communs.

Parmi toutes ces espèces, le dauphin bleu et blanc, les rorquals communs et les cachalots sont les plus observées. Mais il y a d’autres espèces régulièrement présentes d’odontocètes teutophages (appelés “deep-divers »), comme les globicéphales et le dauphin de Risso qui fréquentent autant les eaux pélagiques que celles des précipices et les baleines de Cuvier qui préfèrent les aires à proximité des profonds canyons sous marins. Le dauphin commun, autre fois abondant dans la Méditerranée, est devenu extrêmement rare malgré son nom ; dans le Sanctuaire on le voit quelque fois, loin de la côte, au-dessus des grands fonds et souvent associé à des groupes de dauphins de Risso. Les tursiops, par contre, sont observés surtout dans les eaux côtières, le long de la plateforme continentale, près de la Corse, la Sardaigne du nord, l’archipel toscan et la France.

Institut Tethys Onlus

L’Institut Tethys Onlus (www.tethys.org), qu’en 2016 fête 30 années d’activité, c’est une organisation sans buts lucratifs dédiée à la conservation des grandes vertébrés marins et de l’environnement du Méditerranéen.

Sa professionnalité dans la recherche scientifique à niveau internationale, avec plus de 500 publications intitulées, n’en fa une des institutions plus qualifiées dans le secteur. Il a introduit et promu l’idée du Sanctuaire Pelagos, en suite institué avec un traité Italie, France et Principauté de Monaco. L’institut est basé sur la récolte des fonds en autonomie et des millions de personnes on participé à ses programmes de citizen science, basés sur la participation du public à la récolte des donne dans la mer.

Voir les baleines avec Tethys

Chaque été de mai à septembre, c’est possible de participer aux sorties dans la mer Ligure avec Tethys, avec des tours de 6 jours, sur le spectaculaire motorsailer de 21 mètres “Pelagos”; le programme spéciale de citizen science prévoit que dans la recherche, aux experts biologistes s’accompagnent des personnes enthousiastes qui aient envie de vivre la splendide aventure du rencontre avec les magnifiques rorquals où les vivaces dauphins bleus. Aucune préparation spécifique est nécessaire, parce que à bord se tiendrons des leçons sur baleines et dauphins, sur l’environnement et sur les techniques de récolte de données. Les volontaires payants ont permis à Tethys d’effectuer le plus long monitorage sur les cétacées du Sanctuaire.

Plus d’informations

Date et contributions de participation

 

Il Capodoglio

La Balenottera

Il Grampo

La Stenella

Il Globicefalo

Il Tursiope

Il Delfino

Lo Zifio